Point de vue : Les Etrangers en France

Publié le par Citoyen du monde

Points de vue d’un candidat à la sénatoriale 2008
 

Chères et chers camarades, chers ami(e)s

Après mes « Points de vue » sur « La France dans le Monde » puis « Les Français dans le Monde », je voudrais vous parler aujourd’hui des « Etrangers en France ». 

Bonne lecture et toute mon amitié. 

Jacques GERARD 

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Les Etrangers en France et en particulier, ceux issus de l’immigration 

Si je souhaite dire succinctement mon « point de vue » sur la question des étrangers en France et le compléter plus longuement d’extraits d’un entretien particulièrement intéressant d’un chercheur en science politique, ce n’est pas seulement parce que la façon dont nous les traitons en France peut avoir des retentissements sur la manière dont les Français à l’étranger sont ou seront reçus. C’est d’abord en raison même de l’image de la France à l’étranger. Des images devrais-je dir

Celles que nous retenons, celles qui nous flattent sont celles que j’ai évoquées dans mon « point de vue » sur la France dans le Monde. Et je redis ma fierté d’en être l’un des porteurs. 

Mais, pour certains de nos amis étrangers, notre histoire et celle de l’Europe couvrent également des périodes historiques moins flatteuses : pillage des ressources de l’Amérique latine avec nos fameux corsaires, héros navigateurs au service du roi, commerce triangulaire, liquidation programmée des Indiens d’Amérique, traite des Noirs (imaginée par le Père Las Casas, confesseur de Christophe Colomb pour épargner les Indiens qui, eux, pour lui, avaient visiblement une âme), impérialisme de la période coloniale, Code noir et travail forcé, répressions à Madagascar, en Tunisie, au Sénégal, à Douala au Cameroun… guerres coloniales en Asie du Sud-Est et en Algérie… 

Il est vrai que nous, Français de notre génération, nous ne sommes pour rien dans ces actes commis par de lointains ancêtres. Mais quand je pense à ces aspects de notre histoire, je pense aussi que personnellement je n’exonère pas d’autres Européens promoteurs des croisades, de l’Inquisition, de la Saint-Bathélémy ou du génocide juif… et, pour en avoir souvent parlé avec mes amis africains ou viêtnamiens, je ne peux pas ignorer que – même s’ils éprouvent une grande admiration pour la France des libertés et des droits de l’homme -, ils ne peuvent pas « nous » exonérer de ces actes peu glorieux. 

Cela doit nous appeler à un plus grand respect de ces étrangers dont les parents sont venus à notre secours dans nos épreuves les plus difficiles. Cela mérite, j’ose le mot, des compensations. J’y reviendrai en évoquant nos relations internationales. 

A ceux qui pensent qu’il y a une limite à ne pas franchir quant aux pourcentages de migrants dans une société donnée, je rappelle que ce n’est pas chez nous que des taux de 15, 20 ou 30 % sont mesurables… mais bien en Afrique ! 

Au moment où l’un de nos ministres négocie « l’immigration choisie » avec le Président de la République du Congo - Brazzaville a été la capitale de la France libre -, je dis haut et fort que, personnellement, je prône « l’émigration choisie ». 

En notre qualité de « champions de l’Universel », j’ajoute que d’autres arguments pour une plus grande considération pour les migrants résident dans plusieurs articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1848. Voici quelques-uns de ces articles dont la qualité rédactionnelle est exemplaire. 

« Article premier : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. 

Respectons cet article et efforçons-nous de supprimer toute inégalité de droits et de dignité, tout traitement non fraternel. Cela veut notamment dire qu’il faut rétablir la République dans les banlieues qu’elle a désertées, c’est-à-dire tous ses services publics à commencer par son école laïque, sa sécurité, ses services sociaux, sa mixité sociale, etc.  

Article 2 

1. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation… 

Malheureusement, ce beau texte n’est qu’une « déclaration » sans force juridique et pas un Traité « opposable »  

article05.jpgArticle 5 Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants…

 

Je considère que le délit de faciès et les contrôles répétés visant les mêmes catégories de citoyens sont des traitements inhumains et dégradants. Que celui qui ne comprend pas cela se fasse contrôler ne serait-ce que 3 fois dans la même journée plusieurs fois par semaine !

  

article07.jpgArticle 7 : Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.

 
Sans commentaire.
 
 Article 10 : Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle...
 

Cela devrait exclure toutes les procédures expéditives aujourd’hui prévues par nos multiples lois relatives à l’immigration et à l’établissement dans notre pays. 

Article 13 

1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. 

2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. 

Hors questions de sécurité, qu’il fera beau le jour où ces deux articles seront appliqués sur toute la planète ! Au plus profond de moi, je partage une Utopie, celle d’un monde sans frontières, d’une monde où chacun se sentira « chez lui » partout sur la terre, d’un monde où chacun partagera avec John Toland l’idée que le ciel est son père, la terre sa mère, le monde sa patrie et tous les hommes ses parents. Je conviens du caractère aujourd’hui irréaliste de ces propos. C’est pourtant pour moi un objectif que nous devons nous assigner.   

Article 14 1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays… 

Chercher et… bénéficier. Avec le retour de la gauche aux responsabilités, la France doit aussi redevenir cette terre d’asile tant admirée à l’étranger. 

Article 16 

… 2. Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux… 

S’installer durablement dans un village voisin, c’est également pour moi, sans pour autant se confondre avec ses habitants (cf. les fameuses « différences » de Saint-Exupéry qui, « loin de [nous] léser » nous « enrichissent »), porter le même « habit » qu’eux, se fondre en eux. Dès lors, autant nous devrions nous montrer plus ouvert avec les migrants, autant je souhaite que nous soyons aussi plus fermes envers ceux qui voudraient imposer dans notre village des règles de vie que notre République, laïque, fraternelle, humaniste… ne saurait tolérer : polygamie, excision, mariages forcés, prêches appelant à la confusion des sphères publiques et privées, à la confusion des Eglises et de l’Etat…

Article 21 

1. Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis… 

A la lecture de cet article, on comprendra que je défende le vote de tous les immigrés durablement installés pour la plupart des élections. Dans le même ordre d’idées, je souhaite une représentation des étrangers en France au Conseil économique et social, ainsi qu’au Parlement. 

article22.jpgArticle 22 Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays. » 

Sur cette coopération internationale, je reviendrai en apportant mes réponses actuelles à l’une des questions posées par notre section de Bruxelles. 

Concrètement et au-delà de ce seul commentaire juridique, je reprends ci-dessous un article antérieur consacré au même sujet à propos des immigrés dans nos banlieues que je fais suivre d’un entretien d’un chercheur dont je partage la plupart des considérations. 

Bien à vous.
Jacques GERARD

___________ 
 

" Si tu vas au village, prends l'habit du paysan ! "

(proverbe baoulé)

La plupart des langues d'Afrique – où la langue est très souvent initiatique et utilise largement les proverbes pour enseigner des règles de vie ou régler des conflits - disposent d'un proverbe semblable. C'est dire que la quasi-totalité des Africains et probablement des étrangers en France, n'aspire qu'à se fondre dans la communauté « ayant la France en partage ». Notre pays étant encore pour de très nombreux citoyens dans le monde celui de la Révolution de 1789, des droit de l'Homme, des arts et lettres, du romantisme et "des beaux sentiments", ils aspirent comme nous à la Liberté - limitée par celle d'autrui et par la loi -, à l'Egalité - des droits mais tout autant des devoirs et, également, des chances -, à la Fraternité - qui commence par le respect des différences mais se borne à l'exaltation de celles-ci.

Dès lors, que souhaitent les étrangers en France ?

Tout d'abord l'école de la République. Celle, laïque, qui enseigne justement ces droits et ces devoirs et qui donne toutes leurs chances à chacune et à chacun et particulièrement à ceux dont l’origine sociale est modeste. Celle qui réunit des enfants de toutes les classes de la société. Pas celle des ghettos. Celle qui permet à tous de s'élever. Celle qui socialise. Celle qui fonde le projet commun.

Ensuite un logement où ils devront côtoyer toute notre société et non se retrouver dans un Bronx à la française non pas au sein d’une commune (d’où le terme de « communauté » aux Etats-Unis tire son premier sens) mais en communautés « d'origines étrangères ». Si l’on veut éviter le communautarisme dans notre pays, il est impératif de faire respecter la mixité sociale dans toutes nos villes. S’exonérer de la norme en matière de logement social en réglant quelques « amendes » ne doit plus être toléré. La loi doit être modifiée sur ce point et tout conseil municipal hors-la-loi doit être dissous et la gestion de la commune concernée reprise en mains par les pouvoirs publics. Des édiles communaux, des enseignants, des éducateurs, des forces de sécurité doivent partager les logements sociaux nouveaux ou rénovés si l’on veut rétablir cette mixité sociale que les immigrés sont les premiers à souhaiter.

Et puis… un travail. Non pas pour le seul plaisir de travailler. Mais peut-être d'abord pour avoir le noble sentiment de l'utilité sociale, utilité à sa famille, utilité à la société tout entière.

Enfin, une vie paisible, en toute sécurité. C’est d’ailleurs « la paix seulement » que souvent ils se souhaitent lorsqu’ils se croisent. 

En bref, c’est à un retour de la République dans les banlieues à quoi beaucoup aspirent alors que celle-ci les a désertées !

C'est ensuite que d'autres aspirations parfaitement légitimes se développent : participer à la vie associative, syndicale et politique ; y prendre des responsabilités ; y représenter sa famille, ses amis, ses concitoyens... 

Qu'attendent les descendants d'immigrés en banlieue ?

Medah posait sur Internet le problème comme suit le 10 décembre 2006 (texte simplement remis en forme pour une meilleure lecture) :

« Quand j'entends les politiciens parler des banlieues, c'est comme s’il s’agissait d’un autre pays loin de la France et pourtant à seulement 25 ou 30 km de Paris, pays qui regroupe une population française d'origine étrangère où il n’y a pas de mixité sociale, pas de projets concrets, pas d'emplois, un manque de structure pour les jeunes pour combler leur temps vide. Il faut accepter les jeunes Français d'origine étrangère comme Français à part entière si on veut que ce pays qui est la France avance… en avant. »

Le travail de Vincent Tiberj, chercheur du CEVIPOF, dans un entretien avec Sébastien Zriem à l’occasion de la présidentielle alors à venir, répond à la question.

Extraits de l'entretien

« Ces Français issus de l'immigration sont intégrés et ont donc, finalement, des thèmes de préoccupations similaires au reste de l'électorat. On retrouve les questions de chômage, d'inégalité sociale, de pouvoir d'achat... et les revendications particularistes arrivent, une fois encore, bien après.

En revanche, la question des discriminations pourrait bien peser. Ce que nous démontrons dans « Français comme les autres » (Enquête sur les Français issus de l'immigration maghrébine, africaine et turque, Paris Presses de Sciences Po, 2005, avec Sylvain Brouard), c'est d'une part que pour ces Français ou nouveaux Français, il n'y a pas de doute sur leur appartenance à la communauté nationale. Ils se considèrent Français et à bien des égards ils sont similaires au reste de la population. 

Mais la société ne leur renvoie pas cette image là. Pour preuve, une enquête réalisée par Jean-Luc Richard (Une approche de la discrimination sur le marché du travail. Revue Européenne des Migrations Internationales, 2000, Volume 16, Numéro 3, p. 53-83) montre que la réussite scolaire est à peu près similaire quand on est enfant d'immigré ou quand on est enfant de Français. Le handicap majeur dans la réussite scolaire reste l'origine sociale. L'immigration n'est pas un facteur défavorable à la réussite. Ce qui est contraire à ce qu'on entend habituellement.

Pourtant alors même que la réussite scolaire est à peu près similaire, les taux de chômage chez les jeunes varient considérablement selon les origines. Jean-Luc Richard note, parmi les 20-29 ans, un taux de chômage de 29% si l'individu a un parent d'origine algérienne et de 15% si l'individu est issu d'une famille française depuis au moins deux générations. On passe du simple au double, il se passe donc bien quelque chose. La société a bien des pratiques discriminatoires à l'égard des Français issus de l'immigration. De plus, ces pratiques discriminatoires ne forment que la phase apparente d'un phénomène plus large de catégorisation par l'origine.

Aujourd'hui, les Français, en général, ont plus peur de l'immigration d'Europe de l'est que de l'immigration maghrébine et africaine. Malgré cela, le racisme au quotidien est beaucoup plus subi par les personnes d'origines maghrébine et africaine ou originaires des DOM-TOM. On voit donc bien que la société les renvoie régulièrement à leurs différences, de couleur de peau et d'origines notamment. Ce racisme au quotidien pèse considérablement et pourrait entraîner ce retrait de la société française et ce repli sur les groupes communautaires que pourtant les responsables politiques et les électeurs craignent.

Par ailleurs, on observe une crispation autour de la crise des banlieues ou de ce qui a été dit autour de la crise des banlieues. On voit bien parmi les Français sans ascendance étrangère que les événements de novembre 2005 ont notamment suscité une lecture ethnique, migratoire et d'autorité. Cette lecture qu'on ne retrouve pas parmi les habitants des zones urbaines sensibles (ZUS) crispe l'électorat sans ascendance étrangère…

Pourtant un phénomène nouveau apparaît. Autant on voyait bien comment l'attitude négative à l'égard de l'immigration amenait au vote Front National, aujourd'hui on observe également la diversité se réveiller. Elle se réveille notamment par une incitation plus forte à voter et une négativisation croissante à l'égard de Nicolas Sarkozy. C'est ce que nous apprennent les données du baromètre politique français du Cevipof, on voit que Nicolas Sarkozy fait beaucoup plus peur aux personnes d'origines maghrébine et africaine, à peu près autant que Jean-Marie le Pen fait peur à l'électorat en général. Néanmoins, ces personnes d'origines maghrébine et africaine ne représentent que 3% de l'électorat et donc ils ne pourront peser sur le scrutin présidentiel que si celui-ci est extrêmement serré.  

Mais, il faut remarquer la chose suivante. Il y a également une réanimation de la mémoire migratoire parmi les Français d'origine italienne, portugaise et ibérique… Etre d'origine italienne, espagnole ou portugaise fait qu'on penche un peu plus à gauche que les Français sans ascendance étrangère…   


Les Français issus de l'immigration se sentent-ils concernés par la chose publique / politique ?

La crise du politique à l'échelle de la population des nouveaux Français est, à bien des égards, soit similaire au reste de la population - on le voit notamment sur le taux d'intérêt -, soit beaucoup moins étendue que dans le reste de la population. Cela signifie que les échantillons interrogés se rejoignent sur l'idée que les hommes politiques ne se préoccupent plus des gens comme « nous », ils sont plus de 80% à le penser.

Quand on regarde l'idée que la démocratie fonctionne mal, dans l'électorat de manière général, moins on est diplômé, plus on est sur la position « la démocratie fonctionne mal ». La crise du politique culmine dans les catégories les plus défavorisées. Eh bien ce n'est pas le cas parmi les Français issus de l'immigration. Il semblerait qu'il y ait une forme de légitimisme à l'égard de la démocratie en France. Ce légitimisme se traduit notamment par un attachement très fort à l'Etat dans sa fonction redistributrice avec des niveaux de confiance très forts.

Parmi les Français issus de l'immigration, on ne peut pas vraiment dire qu'il y ait une crise forte du politique. Cependant, il semble que certains groupes soient plus touchés. Les zones urbaines sensibles le sont. Dans ces zones, il y a une demande très forte d'intervention des pouvoirs publics qui se traduit par une proportion de défiance à l'égard du politique plus importante que dans le reste de la population. Il y a là un sentiment d'abandon qui se traduit à la fois par une demande de politique et par une appréciation très négative à l'égard du fonctionnement du système.

Ce rejet n'est pas un retrait, ce rejet est plutôt une demande de ré-intervention.


Quelles sont les revendications de ces « nouveaux Français » pour 2007 ?

Plusieurs choses sont en train de se passer. 

D'une part, on est dans un contexte politique où les problèmes d'intégration sont exceptionnellement présents. Un certain nombre d'hommes politiques de gauche comme de droite parlent de crise du modèle d'intégration voire même d'échec de ce modèle (même si ce processus marche pourtant bien comme nous l'avons démontré) et vont ou en font déjà l'une des thématiques de campagne. Symboliquement il faut aussi constater la multiplication des actions symboliques pour résoudre cette crise par et dans la politique. Par exemple, un colloque a été organisé par le Haut Conseil à l'Intégration à Sciences-Po et le thème n'était autre que la diversité en politique et sa nécessaire représentation. Aujourd'hui, il y a réellement une prise de conscience de la nécessité de colorer la classe politique en France.

D'autre part, cette prise en considération des Français issus de l'immigration est même plus forte que leur poids réel dans l'électorat, c'est peut-être là un bon point. Il y a également une prise de conscience du fait qu'on ne peut plus laisser des leaders autoproclamés parler au nom des Français issus de l'immigration. Il vaut mieux avoir des élus pour ça. Tous les grands partis disent vouloir faire des efforts pour présenter de candidats issus de la diversité aux élections législatives. Est-ce que ces efforts vont se traduire en représentation réelle ? On verra bien. Il va falloir regarder s'ils seront sur des circonscriptions gagnables ou pas.  

Nous avons démontré que les partis n'ont rien à perdre à présenter des candidats issus de la diversité. Ils peuvent, du coup, recréer du lien politique. En fait, la diversité pourrait aller de paire avec cette demande de renouvellement de la classe politique traditionnelle. Près de 90% des Français considèrent qu'avoir plus de femmes au Parlement serait une nécessité, même soutien, pour les plus de jeunes. Une majorité de Français se prononçaient également pour plus de candidats issus de la diversité.

Nous sommes dans une crise de politique telle que les critiques se focalisent sur tout ce qui permettrait un renouvellement de la classe politique est vu comme étant une bonne chose. 

Le tout est de savoir si ces politiques préconisées vont suffire. Les choses sont encore floues, on parlait de discrimination positive mais nous en sommes encore à se poser la question de savoir si l'on doit mesurer ou non l'origine des personnes interrogées. Est-ce à la statistique publique de le faire ? La CNIL doit-elle se prononcer ? Le débat est passionné sur la question des instruments de mesure. Le fait est que les discriminations existent et qu'il faut bien les mesurer pour les combattre.


Le débat autour de « l'immigration choisie », mesure proposée par Nicolas Sarkozy, va-t-il influer sur le vote de ce corps électoral ?

Cela risque de jouer en sens inverse. S'il y a ce rappel de la mémoire migratoire chez les personnes italiennes ou ibériques, c'est notamment parce qu'on ne retient pas forcément la question de l'immigration choisie mais plutôt la question de l'expulsion des sans-papiers et notamment des enfants de sans-papiers.

La politique préconisée par Nicolas Sarkozy a été ressentie comme une politique négative à l'égard de l'immigration en général. Il a fait preuve d'un activisme certain sur cette question notamment un activisme législatif. Ces lois ont été vues comme une prise de position forte et plutôt conservatrice en matière d'immigration…

... L'inquiétude et la crainte qu'il suscite chez les personnes issues de la diversité ne changeront plus et ce quoi qu'il fasse. Il a perdu une occasion historique de réconcilier la droite avec la diversité et on est dans une logique où la gauche est soit le bon camp, soit le moins mauvais. Notamment parmi les jeunes de banlieue, le PS ramasse la mise en termes d'intentions de vote mais par le négatif. On préfère voter contre Nicolas Sarkozy davantage que pour Ségolène Royal."

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